Exemple d'une traduction/adaptation strictement versifiée d'un poème espagnol
LEDA (Rubén Darío)
El cisne en la sombra parece de nieve ;
su pico es de ámbar, del alba al trasluz ;
el suave crepúsculo que pasa tan breve
las cándidas alas sonrosa de luz.
Y luego, en las ondas del lago azulado
después que la aurora perdió su arrebol,
las alas tendidas y el cuello enarcado,
el cisne es de plata, bañado de sol.
Tal es, cuando esponja las plumas de seda,
olímpico pájaro herido de amor,
y viola en las linfas sonoras a Leda,
buscando su pico los labios en flor.
Suspira la bella desnuda y vencida,
y en tanto que al aire sus quejas se van
del fondo verdoso de fronda tupida
chispean turbados los ojos de Pan.
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Première traduction
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LÉDA
Le cygne dans l'ombre semble de neige ;
Son bec est d'ambre, à l'aube translucide ;
Le doux crépuscule à la courte vie
De rayons rosés colore ses ailes.
Puis, sur l'eau du lac aux reflets bleutés,
Après que l'aurore a perdu son fard,
Ailes étendues et le col arqué,
Le cygne est d'argent, baigné de soleil.
Et voici, gonflant ses plumes de soie,
L'olympien oiseau blessé par l'amour,
Violant Léda sur les eaux sonores,
Et cherchant du bec la fleur de ses lèvres.
Dénudée, vaincue, la belle soupire.
Tandis que la brise emporte ses plaintes,
Du fond verdoyant du touffu feuillage,
Étincellent, troublés, les yeux de Pan.
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Seconde traduction/adaptation (strictement versifiée)
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LÉDA
Dans l'ombre, il semble que le cygne soit de neige ;
Le crépuscule rose, habile ce ses doigts
- Mais passant vite, hélas ! -, son aile blanche assiège,
Et dans l'ambre du bec toute l'aube se voit.
Puis, sur l'onde profonde où le jour renouvelle
L'azur d'hier, chassant Aurore au teint vermeil,
Le cygne, arquant son col et déployant son aile,
Est un vase d'argent inondé de soleil.
Tel est l'oiseau divin quand Jupiter honore
Les femmes en Léda et que, dans un frisson
De ses ailes de soie, au sein de l'eau sonore,
Il la viole cherchant de son bec la façon
De butiner, sans l'abîmer, la fleur des lèvres.
Et tandis que Léda, conquise par le dieu,
Lui fait don de son corps que le plaisir enfièvre,
Dans le feuillage on voit, de Pan, les troubles yeux.